Feminæ est assise sur les talons, son visage est celui de la grand-mère maternelle, belle avec ses longs cheveux qui lui descendent jusqu’aux reins, ses rides, son sourire. Elle exprime le calme et le silence, c’est l’espace dans lequel elle vit. Toute la vivance dans les parages se trouve plongée dans cet espace de calme et de silence. Un oiseau noir est présent, seul, posé, majestueux, comme découpé dans le ciel blanc. Il prend son envol en pleine puissance.
Un désert fait face à Feminæ. Elle est à nouveau en présence de la Reine et les seuls mots qui lui viennent spontanément sont à nouveau calme et silence. Une couleur jaune d’or mat teinte la totalité de l’espace, à l’image d’un vent qui souffle sur un sable d’or. Rien ne se dessine vraiment, Feminæ est présente et consciente.
Lorsque le fil noir zigzag et se déploie devant elle, elle le suit vers cette lumière qui lui donne ce sentiment de création, d’espace artistique, d’un lieu esthétique. Elle respire l’intuition. C’est très léger et pourtant il y a tout dans cette respiration, l’expire et l’inspire sont unifiées. Pas de frontière - Silence -
Le signe du tao lui apparaî
t dans cet espace. Il tourne sur lui-même dans le sens contraire des aiguilles d’une montre – Silence – le silence est féminin. Tout est calme, plein, la lumière est tamisée, irisée, aucune présence humaine, ni végétale, seul l’oiseau noir est là et ces particules dorées qui saupoudrent l’espace. Feminæ rentre dans un espace sacré sans forme – une grotte sans murs. Elle vient là pour être présente à elle. Aucune notion de distance, aucun repère, alors que tout est vaste. Son corps lui montre sa présence, ses reins surtout, frais comme la température d’une cave en été.
Est-elle dans une boule qui n’est pas une boule puisqu’il n’y a pas de forme ? Une rondeur, alors.
Les particules fines, poussières d’or, se déplacent lentement dans cette lumière homogène, sans pesanteur. La fraîcheur dans ses reins, accompagnée par celle de son ventre, revient comme par surprise. Un sourire lui monte aux lèvres. L’espace est toujours présent, les paillettes d’or dansent. C’est joyeux, universel.
Feminæ a un grand besoin de ne rien faire, rien dire. Tout est là, pas de fabrication. Tout est frais, sans âge, sans frontière, sans son. Pas de coeur qui bat, c’est sûrement ça le coeur, le véritable coeur.
Masculum n’a pas sa place ici, il n’y a pas de passage, pas de porte, pas d’attaque possible. Rien ne peut déranger ce lieu. Et pourtant ; pourtant Masculum y est, Feminæ le sent – peut-être dans une des paillettes?
Feminæ est en sécurité totale, personne ne peut abimer cet espace, tout y est en constant renouvellement, rien ne peut s’y arrêter, le stationnement est impossible, le mouvement est toujours présent. On ne peut pourtant pas en faire le tour, il n’y a pas de tour, pas de peau. L’exploration se fait par les sens, toujours en mouvements, comme si des cellules voyageaient sans parois, sans frontières. Une sensation de rondeur, comme un ressenti d’hyper puissance invisible.
C’est Masculum qui trouve les mots. Masculum est le traducteur. Feminæ sent que les mots ont une frontière.
Elle se sent pleine, elle sent la source, la vie. Elle accepte le privilège d’être là !
C’est le souffle qui l’a amenée là et c’est par lui qu’elle peut y revenir. Feminæ sourit, la grand-mère maternelle se représente devant elle, la joie éclairant son visage. L’oiseau regarde patiemment la scène, l’initiation, il remarque cet équilibre de Feminæ. Il sait qu’elle a rencontré l’autre elle-même, le traducteur, celui des mots. Un fin, très fin fil de cuivre est posé sur sa chevelure, reliant les deux tempes, une fibre de circulation avec Masculum.