Journal de confinement "Voyages vers l'amour". Jour trente-sept

La vue sur la source en venant du col est surprenante. Un groupe chante en cercle quasiment parfait, d'autres s'affairent à proximité, déposant des offrandes - fruits, fleurs, petites pépites trouvées sur les chemins - dans des céramiques que des artistes ont fabriqué spécialement. Une zone argileuse tout près s'est proposée à la transformation par le feu. 

Depuis le chaos, toutes les sources sont des communs, pas des biens communs, des communs. 
Plus rien n'appartient à personne, alors les sources... 

D'ailleurs nous n'y venons pas pour boire, mais pour rendre visite, pour prendre soin. La source voit si nous avons besoin de son eau, et si c'est le cas, le coeur de l'être humain s'ouvre à la réception du cadeau. Le sens du goût se développe. 

Chaque être vivant, en conscience, est gardien des communs, les sources sont honorées nuit et jour, jamais seules. Les animaux ont toute leur place, mais les nuits de nouvelles lunes, leur présence est plus accentuée. 

C'est par un chant, un jour de brouillard, qu'elles ont demandé à être accompagnées. Ce sont les arbres les premiers qui ont répondu, puis les plantes, les pierres étaient déjà là. Les animaux et nous, sommes arrivés ensemble, par des voies différentes. Des volutes d'ondes colorées, sont sorties au-dessus de chaque être et la discussion a eu lieu. 
Je vois encore cette buse venir par l'ouest, passer au-dessus de la source et se faufiler entre les volutes, sans troubler un seul instant la communication.